Kalachi le village qui dort je vous laisse découvrir son mystère

Dans les médias, le village a d’ores et déjà reçu un surnom : « Sleepy Hollow ». Non que la bourgade de Kalachi au Kazakhstan abrite un quelconque cavalier sans tête. C’est un mal nettement plus pernicieux qui plane sur ses quelque 600 résidents. Un mal invisible et jusqu’à présent inexpliqué. Depuis 2010, plus d’une centaine d’habitants ont été victimes de brutales et soudaines pertes de connaissance pouvant durer de deux à six jours. Le phénomène, qui survient par vague, s’est même sensiblement accru depuis mars 2013, d’après le Siberian Times, qui suit l’affaire depuis plusieurs mois.

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« J’étais en train de traire mes vaches comme d’habitude, tôt le matin, et je me suis endormie, rapporte ainsi Marina Felk, une agricultrice de 50 ans. Je ne me rappelle de rien. Quand je suis revenue à moi, j’étais dans une chambre d’hôpital et des infirmières me souriaient. Elles m’ont dit : “Bienvenue Belle au bois dormant, tu te réveilles enfin” ». Marina Felk venait de « dormir » deux jours et deux nuits.

Pas besoin de séjourner longtemps au village pour être touché par cette étrange épidémie. Ainsi Alexey Gom, 30 ans, était juste venu passer le week-end chez sa belle-mère. « Le matin, j’ai allumé mon ordinateur portable, ouvert des documents que je voulais lire, et c’est tout. C’est comme si quelqu’un avait appuyé sur l’interrupteur pour m’éteindre. Je me suis réveillé à l’hôpital, ma femme et ma belle-mère à mon chevet. On n’a rien trouvé d’anormal dans mes examens. J’ai dormi plus de trente heures. »

Détail singulièrement effrayant, les personnes âgées et les jeunes enfants victimes de l’épidémie sont sujets à des hallucinations. Vera Kolesnichenko, 31 ans, a ainsi pris la décision de quitter le village après que sa petite fille de 4 ans, Margarita, a connu un épisode délirant. « Elle me regardait en pleurant : “Maman, tu as trois yeux !”, et puis elle regardait par-dessus mon épaule et disait : “Il y a quelque chose qui rampe sur le radiateur”. »

Si les premiers médecins alertés ont d’abord soupçonné les effets sédatifs d’une vodka frelatée, l’hypothèse a rapidement dû être abandonnée. Car certaines victimes n’étaient manifestement pas portées sur la bouteille. Une floppée de scientifiques a donc pris le chemin de ce coin perdu du Kazakhstan. Situé à plus de 400 kilomètres au nord-ouest de la capitale Astana, principalement peuplé de Russes et de descendants d’Allemands de la Volga déportés par Staline après la seconde guerre mondiale.

Au temps de l’Union soviétique, la zone était fermée et secrète, placée directement sous l’autorité de Moscou. Ses 6500 résidents y menaient une existence privilégiée en raison de leur mission cruciale : extraire du minerai d’uranium. En 1991, la mine a cessé d’être exploitée du jour au lendemain. La ville laissée à l’abandon. Aujourd’hui, moins de 200 habitants y vivent encore, malgré les avaries du système de chauffage.

Selon le professeur Leonid Rikhanov, de l’université de Tomsk (Russie), le minerai extrait de de Krasnogorsk contiendrait du radon. « Nous avons étudié des échantillons envoyés par des habitants de Kalachi. Il n’y a pas d’effet radioactif, mais une simple réaction chimique. En d’autres termes, les troubles sont causés par l’évaporation du gaz contenu dans la mine. »

Tests bactériologiques et viraux, études du sol, de l’eau, de l’air, de sang et de tissus, ponctions lombaires ne sont jusqu’ici pas parvenus à éclaircir le mystère. Néanmoins, de forts soupçons se portent sur la ville fantôme de Krasnogorsk, qui jouxte le village.

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