Les premiers paquets aux messages sanitaires sans logo, obligatoires à compter de l’an prochain, devraient être mis en ventre à partir de vendredi. Les buralistes considèrent que le paquet neutre va dégrader leurs conditions de travail et renforcer le marché parallèle.
A partir de vendredi, les fabricants de tabac n’auront plus le droit de produire pour le marché français des paquets de cigarettes tels que nous les connaissons actuellement. Même sort pour les cartouches ou le tabac à rouler. Ils doivent fabriquer des paquets sans logo, de couleur vert foncé, avec uniquement des avertissements sanitaires et des photos de malades. Et à partir du 20 novembre, les fournisseurs ne devront plus livrer que des paquets neutres aux débitants de tabac. D’ici la fin de l’année, les deux types de paquets pourront toutefois coexister dans les bureaux de tabac, le temps d’écouler les stocks.
Le paquet neutre n’est pour l’instant expérimenté qu’en Australie, depuis décembre 2012. La France devient ainsi le premier pays européen à en vendre. Il devrait ensuite arriver en Angleterre et en Irlande, dans le courant de l’année 2016. La Haute Cour de justice de Londres a d’ailleurs débouté ce jeudi quatre géants du tabac qui contestaient l’imposition du paquet neutre, à la veille de l’entrée en vigueur de la réforme au Royaume-Uni.
– « C’est moche et c’est fait pour » –
Fortement défendu par la ministre de la Santé Marisol Touraine durant 4 ans, le paquet neutre constitue pour le gouvernement une victoire en matière de lutte contre le tabac, vivement combattu par les industriels et les buralistes.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine a défendu ce jeudi l’introduction du paquet neutre et n’a pas exclu une augmentation du prix du tabac. « Le paquet neutre, c’est laid et c’est fait pour. L’objectif est de casser le côté attractif de beaucoup de paquets de cigarettes », a affirmé la ministre sur LCI.
« Toutes les cigarettes se valent, c’est du poison, un poison de mort et peu importe le paquet : ce qu’il y a à l’intérieur ça tue », a insisté Mme Touraine. La ministre de la Santé n’a pas non plus exclu une augmentation du prix du tabac. « Lorsque j’ai annoncé la mise en place du paquet neutre, j’ai indiqué que le prix du tabac n’augmenterait pas de manière significative avant que le paquet neutre ne soit mis en place », a-t-elle rappelé.
– Question des stocks –
Au 1er janvier 2017, les buralistes qui auraient encore en stock des paquets classiques n’auront plus le droit de les vendre aux consommateurs. « La question est de savoir ce que l’on va faire de ces paquets traditionnels qui vont nous rester sur les bras », s’inquiète M. Montredon, le président de la Confédération des buralistes, qui suggère que « l’Etat reprenne ces stocks invendus à son compte ».
Selon une source du secteur, « il va effectivement falloir ramener et détruire les stocks des anciens paquets de cigarettes, et rembourser le droit d’accise sur le tabac » mais « si les buralistes s’organisent bien, il ne devrait pas leur rester beaucoup de vieux stocks au 31 décembre ».
L’essentiel du prix des cigarettes est constitué de taxes (plus de 80%), les fabricants touchant moins de 10% du prix des paquets, actuellement vendus entre 6,50 et 7 euros.
Par ailleurs, les paquets de cigarettes en forme de rouge à lèvres sont aussi concernés et ne pourront plus faire référence à la minceur et à l’élégance. Les paquets de cigarettes « slim », parfumés au menthol ou à un fruit, deviendront neutres à partir du 20 mai prochain, avant d’être interdits à la vente à partir de 2020. Aucune date précise n’est donnée sur la mise en vente des premiers paquets neutres de cette gamme.
Mercredi, la ministre de la Santé a annoncé la création d’un « fonds de prévention du tabagisme », doté de 32 millions d’euros, pour « renforcer les mesures » incitant à abandonner la cigarette.